Juan Manuel Recalde Vocos

Juan Manuel Recalde Vocos

Montréal QC
Canada

Aujourd'hui, après deux ans et demi de rémission, je regarde en arrière avec gratitude, conscient de la chance qui m'a été donnée de réaliser mes plus profonds désirs, notamment de retrouver les gens que j’aime en Argentine, grâce à la générosité des donneurs de cellules souches et au dévouement des chercheurs et des organisations comme la SLLC.

Au courant de l'année 2018, je prenais la courageuse décision de quitter l'Argentine pour m'installer au Canada, prêt à redéfinir ma vie et à débuter une toute nouvelle carrière. L'année suivante, alors que 2019 s'installait, j'étais plongé dans mes études, déterminé à réussir mes examens.

Une nuit, après de longues heures de révision, je me suis réveillé brusquement, troublé par une vive douleur aux omoplates et une difficulté persistante à avaler. Malgré mes habitudes sportives, j'ai d'abord supposé qu'il s'agissait simplement d'une blessure musculaire. Pendant des mois, j'ai enduré cette douleur grandissante afin de terminer ma session d'études. Mais lorsque même le repos ne parvenait plus à apaiser ces maux, j'ai décidé de consulter un médecin via Zoom dû à la pandémie, conscient de la nécessité de prendre soin de ma santé.

Le verdict, tombé au lendemain d’une radiographie, fut brutal : une tumeur de 20 centimètres logée dans ma poitrine, suivie d'un diagnostic de leucémie après des analyses sanguines approfondies. Contraint d'abandonner mes projets pour au moins deux ans, je devais maintenant me faire hospitaliser. C'est là que l'odyssée de ma lutte contre la maladie a véritablement commencé.

Fort de ma nature positive mais réaliste, j'ai affronté chaque épreuve avec courage, du choc des résultats de mes biopsies, aux complications infectieuses de la neutropénie. Dès le premier jour, je me suis préparé mentalement à tous les scénarios possibles, envisageant même un retour en Argentine pour un adieu éventuel à ma famille adorée.

Après une semaine de chimiothérapie, l'espoir a été teinté par un verdict implacable : une leucémie myéloïde aiguë, variation dans le chromosome 17, résistante à toutes les chimiothérapies connues. Seule l'option d'une greffe de moelle osseuse offrait une lueur d’espoir. Lorsque j'ai demandé au médecin ce qui se passerait si cela échouait, espérant peut-être un an pour revoir ma famille, sa réponse fut sans appel : maximum trois mois de vie. Face à l'incertitude de l'avenir, une image de ma grand-mère âgée de 85 ans, dansant avec grâce malgré ses propres défis de santé, m'a inspiré une détermination renouvelée. Le lendemain matin, lorsque l'infirmière est entrée dans ma chambre et m'a surpris à faire du vélo, sa réaction bienveillante a été exactement ce dont j'avais besoin pour puiser ma force.

Les mois qui ont suivi ont été marqués par des défis insurmontables : quatre séances de chimiothérapie, une péritonite, deux infections graves, et des mois alités sous l'effet de la morphine pour calmer les douleurs aiguës, qui à son tour a engendré de nouvelles souffrances dues au sevrage. Mais à travers chaque épreuve, j'ai trouvé une force inattendue dans le soutien indéfectible de ma famille, de mes amis, du personnel médical et de ma passion pour la musique, symbolisée par ma fidèle guitare.

Enfin, le moment tant attendu de la greffe est arrivé : Une demi-heure de lutte acharnée, mêlée d'espoir et de peur. Mais surtout, de victoire! Aujourd'hui, après deux ans et demi de rémission, je regarde en arrière avec gratitude, conscient de la chance qui m'a été donnée de réaliser mes plus profonds désirs, notamment de retrouver les gens que j’aime en Argentine, grâce à la générosité des donneurs de cellules souches et au dévouement des chercheurs et des organisations comme la SLLC.